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La création de l’univers
Hédi Mahjdoub
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« Nous n'avons créé les cieux et la terre et ce qui est entre eux qu'en toute vérité et pour un terme fixé » (S.46-v3) Ce verset souligne une question fondamentale, à savoir le but de la création de l’univers. L’univers étant représenté, ici, à travers les cieux et la terre. « Nous n’avons créé les cieux et la terre qu’en toute vérité… » . De quelle vérité est-il question ?

Cette vérité, évoquée par Allah, renvoie au fait que chaque créature possède un rôle bien déterminé pour lequel elle a été, d’ailleurs, créée en plus d’être au service de son créateur. Autrement dit, La création entière n’existe que par et pour son créateur. L’étude du coran révèle même qu’Allah créa d’abord le cadre dans lequel vivraient et évolueraient chaque créatures avant de les créer elles-mêmes. Ceci nous prouve que l’existence ne peut que être soumise.

Les deux mondes

Il existe le monde du visible et celui de l’invisible autrement dit : le monde de « Mulk » et celui de « Malakute », le monde supérieur et le monde inférieur ou le monde des cieux et celui de la terre. Plusieurs versets attestent de l’existence de ces deux mondes là et nous ordonnent d’y croire : « Ceux qui croient à l’invisible… » (S.2-v3). La croyance en l’invisible est même définie comme le premier pas vers la foi. Rappelons qu’à l’origine les deux mondes ne formaient qu’un mais qu’ils ont été dissociés par la suite, séparant ainsi les créatures de ces deux mondes. A ce propos, Allah dit : « Les mécréants ne voyaient-ils pas que les cieux et la terre étaient unis, et nous les avons séparés ? Et nous avons fait de l’eau la source de toute vie. » (S.21-v30).

En somme, l’observation des cieux et de la terre éveille à la recherche du savoir et invite à la méditation. D’ailleurs, dans le coran, Allah dit : « La création des cieux et de la terre est beaucoup plus grande que la création de l’Homme mais la majeure partie des hommes ne savent pas » (S.40-v57). Il dit aussi : « Certes la création des cieux et de la terre, dans l'alternance de la nuit et du jour, dans le navire qui vogue en mer chargé de choses profitables aux gens, dans l'eau qu'Allah fait descendre du ciel, par laquelle Il rend la vie à la terre une fois morte et y répand des bêtes de toute espèce, dans la variation des vents, et dans les nuages soumis entre le ciel et la terre, en tout cela il y a des signes, pour un peuple qui raisonne » (S.2-v164). Enfin on peut citer dans un autre verset « Il y a dans la création des cieux et de la terre et dans la succession de la Nuit et du Jour, des signes pour ceux qui sont doués d'intelligence » (S.3 v.190).

Les six jours de création

« Nous avons créé les cieux et la terre et ce qui existe entre eux en six jours et nous n’avons point été touché par la fatigue » (S.50-v38)

Plusieurs versets du coran indiquent que la création des cieux et de la terre s’est faite en six jours. Cependant, certaines interrogations subsistent : Qu’entendons-nous par ces jours ? Est-ce les mêmes jours que ceux que ceux du commun des mortels? Ou font-ils référence à une autre réalité?

Tout d’abord, il faut rappeler que la notion du temps est différente entre « Mulk » et « Malakute » puisqu’ Allah a dit : « …un jour auprès de ton seigneur équivaut à mille ans de ce que vous comptez » (S.22-v47). En parcourant les études scientifiques, on découvre qu’en 1676, une première mesure de la vitesse de propagation de la lumière dans le vide avait été mesurée par l’astronome Danois Römer (qui reprit les travaux de Galilée). Il en conclut que c =212 000 km/s alors qu’actuellement C=299 792,458 km/s, soit une erreur de 29 %. Cette erreur vient du fait que la distance entre la Terre et le Soleil n’était pas connue avec précision. Plus tard, ces calculs seront refaits avec encore plus d’exactitude.

De cette vitesse finale, les scientifiques ont pu établir des unités pour exprimer les distances interstellaires.

Une année lumière est la distance parcourue par un photon (la lumière) dans le vide en une année Julienne c'est-à-dire 365,25 jours.

A titre d’exemple, pour donner un ordre d’idée, la lumière parcourt les 4,5 milliards de kilomètres entre la planète Neptune et le Soleil en 4 h 10 min. Elle parcourt les 150 millions de kilomètres qui séparent la Terre du Soleil en 8 min 20 s. Enfin, il lui faut seulement 1,28 s pour parcourir les 384 402 km entre la Terre et la Lune.

En une journée, la lumière parcourt 299 792,458 km x 60 s x 60 min x 24 h = 25 902 068 371,2 km soit environ 26 milliards de km.

Retenez bien ce résultat car il nous sera utile par la suite.A présent, intéressons nous à la lune. Comme nous l’avions évoqué précédemment, la Lune qui tourne autour de la Terre se trouve à environ 384 402 km de notre planète. Sa période de révolution orbitale est de 27 jrs 7 h 43 min 6 s. Les scientifiques ont déterminé que sa circonférence orbitale avoisine les 2 449 000 km.

Nous savons que la Lune parcourt 2 449 000 km en 27 jrs 7 h 43 min et 6 s. Ce qui implique que la Lune effectue 29 388 000 000 km, soit environ 29 milliards de km, en 1000 ans. On s’aperçoit donc que la distance que parcourt la lumière en un jour équivaut à la distance parcourue par la lune en 1000 ans.

Au VIIème siècle, un homme, qui n’était autre que le prophète Mohamed, enseigna la parole de Dieu, le Coran. Un livre qui relatait des éléments incompréhensibles pour les peuples de l’époque. Par exemple, Allah affirme dans la Sourate Al Hadj : « … . Cependant un jour auprès de ton seigneur, équivaut à mille ans de ce que vous comptez. » (S.22-v47). Dans la Sourate As-Sajda, Il dit : « Du ciel à la terre, Il administre l’affaire, laquelle ensuite monte vers Lui en un jour équivalent à mille ans de votre calcul. » (S.32-v5).

Avant de conclure évoquons brièvement les limites de la science à travers l’exemple suivant. Sachant que la vitesse de la lumière est la plus haute vitesse jamais mesurée par l’homme à ce jour, on s’émerveille de lire dans la Sourate Al Ma’arij :

« les anges ainsi que l’Esprit monte vers Lui en un jour dont la durée est de cinquante mille ans. » (S.70 v.4).

Ici, il est question d’une vitesse cinquante fois plus rapide que celle de la lumière. Comme on le mentionne précédemment, une journée auprès de Dieu équivaut à 1000 ans par rapport au décompte de l’Homme. Or, ici, Dieu n’annonce pas mille ans mais cinquante-mille ans.

Autrement dit, il existerait une vitesse cinquante fois plus rapide que celle de la lumière.

Dépasser la vitesse de la lumière est aujourd'hui impossible compte tenu d'un certain nombre de paramètres. En revanche, cela serait une erreur de considérer cette limite scientifique comme une barrière infranchissable. Les moyens dont nous disposons actuellement ne signifient pas que nous détenons la clef de l'évolution et encore moins de l'univers!

Ceci étant dit, on ne peut pas affirmer qu’Allah a créé durant mille ans puisque le mot jour désigne une étape autrement dit les cieux et la terre ont été créés en six étapes.

D’autre part, lorsqu’Allah dit : « …et nous n’avons point été touchés par la fatigue », Il nous invite à méditer sur la méthode qu’il a employée. Il aurait très bien pu dire « soit » pour que tout prenne place mais il a choisi de procéder par étape et ce sans ressentir la moindre fatigue, contrairement à ce que prétendent certaines croyances non musulmanes. Sa volonté visait à valoriser la réalisation exemplaire de la tâche, méthodologique et successive. L’Homme est invité à reproduire cette évolution consécutive, sans chercher à brûler les étapes, au cours de sa vie en accord avec l’aspiration divine: « L’homme a été créé à l’image de son seigneur » (Bukhari).

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Suggestions

Science et Islam

La transcription de la sunna, à l’aube de la prophétie

Les oulémas de hadith considèrent comme étant sunna, tout ce qui, indépendamment du coran, a rapport avec la vie, l’histoire et les caractéristiques physiques ou morales du prophète, que cela se situe avant ou après la révélation. Ils se basent sur de nombreux hadiths dans lesquels le prophète place la sunna au même niveau que le coran. Il dit par exemple: « J’ai laissé parmi vous ce dont vous ne connaitrez aucun égarement si vous vous y tenez : le livre d’Allah et la sunna de Son messager ». Par conséquent, même si le coran est la base première de la législation islamique, la sunna du prophète est complémentaire.

Le coran, d’ailleurs, cite la sunna comme le fruit de la divine révélation. Autrement dit, il existe deux formes de révélations. Une révélation dite récitée, c'est-à-dire le coran, et, une révélation non récitée : la sunna. En référence à ces deux révélations, Allah dit à propos du prophète: « Et il ne se prononce point par passion, ce n’est en fait qu’une révélation qui lui est faite ». On note également que dans le coran l’obéissance au prophète est indissociable de l’obéissance envers Allah : « Celui qui obéit au messager a certes obéi à Allah ». En somme, nul ne peut prétendre comprendre l’islam en faisant abstraction de la sunna. D’ailleurs, la sunna est sanctifiée puisqu’elle sert à illustrer le coran : « Nous avons fait descendre sur toi le Rappel (la sunna) afin que tu expliques aux Hommes ce qui leur a été descendu (le coran) et afin qu’ils réfléchissent ».

L’utilité de la sunna

La maîtrise de la sunna garantie la bonne transmission des paroles, des actes et des gestes du prophète. Par ailleurs, la sunna représente la seconde source législative. Elle est définie dans le coran comme une sagesse: « wa anzala allah alaikal kitab wal hikmata wa’allamaka ma lam takoun ta’lam wa kana fadloul allahy ‘alaika ‘azima ». Ici, le mot hikma signifie la sunna ainsi que dans tous les versets où il est suivi du mot livre. Autrement dit, ce verset signifie en partie : « Allah a fait descendre vers toi le livre et la sunna ».

La sunna est au service du coran. Dans certains cas, elle confirme une règle édictée tandis que dans d’autres elle détaille une règle générale. Elle sert aussi le coran dans la mesure où elle apporte parfois une exception à la règle. Par exemple, on peut citer, le cas où elle apporte une exception à l’une des règles sur l’héritage. Ici, le coran, dans la sourate nisa, annonce que chaque individu doit léguer un héritage à sa mort. Allah y détaille les parts de l'héritage. La sunna, quant à elle, indique une exception faite par le prophète qui précise : « Nous les prophètes, nous n'héritons pas de nous. Mais nous laissons à notre mort une aumône qui se devra être distribuée aux pauvres ». Pour illustrer les détails transmis par la sunna, on relève la manière dont le prophète a expliqué avec précisément comment faire les prières. Parfois la sunna mentionne des règles qui ne figurent pas dans le coran. On considère alors que c'est règle à part entière, car Allah dit : « Tout ce que le prophète vous apporte, prenez-le et ce qu'il vous interdit, abandonnez-le ». Nous pouvons citer l’exemple du mariage. Dans le verset 22 de la sourate nisa, il est énuméré les femmes avec lesquelles il est interdit de se marier. Le prophète ajoute l’interdiction d’avoir comme coépouses une femme et sa tante. Dans ce cas, il faut suivre également la parole du prophète car Allah dit : « Celui qui suit le prophète a suivi Allah ».

En bref, on ne peut nier la place essentielle de la sunna dans la législation islamique. D’ailleurs, à ce propos, Allah dit : « Allah a fait descendre vers toi le rappel (la sunna) pour que tu éclaircisses aux hommes ce qui leur a été révélé (le coran) afin qu’ils puissent raisonner ». D’où la motivation des savants, depuis l’aube de l’islam, à apprendre, préserver et transmettre cette science.

Ceci étant dit, la sunna, est généralement en phase avec le coran. Elle illustre les grandes lignes, détaille les généralités, explique ses jugements et leurs finalités. Même dans les cas où elle apporte un jugement inédit, elle reste dans la même logique.

La transcription de la sunna à l’époque de la prophétie

L’imam Muslim rapporte dans son livre selon sayedouna Abi Said Al Khuduri que le prophète a dit : « N’écrivez rien d’autres de moi mis à part le coran, et que celui qui a écrit autre chose que le coran, l’efface alors ! ». Ce hadith authentique démontre qu’au début de l’islam, le prophète avait interdit l’écriture de la sunna. Cependant il est important de préciser que cette interdiction était destinée à des personnes déterminés et à une époque déterminée. Les savants expliquent qu’il l’interdit de peur que les compagnons mélangent ces écrits au coran. D’autant plus qu’à l’époque les supports n’étaient pas nombreux. D’autre part, les croyants de l’époque ne pouvaient pas discerner, au début, le coran de la sunna. Il leur fallait du temps pour apprendre à différencier les styles littéraires. En revanche, il n’interdit pas à ceux qui étaient aptes de le faire. Au contraire, une dizaine de hadith démontre que le prophète poussait ses compagnons à écrire les hadiths rapporté directement de lui. Citons, en guise d’exemple, le hadith rapporté par l’imam Al Dayrami selon Abdullah Ibn Amr Ibn Al Ass dans lequel il dit : « A l’époque du prophète j’écrivais tous ce que j’entendais de lui, que ce soit coran ou hadith, et je voulais les mémoriser ». Quraich tentèrent de l’en dissuader, lui disant : « Pourquoi écris-tu tout ce que tu entends du prophète ? Il reste un homme qui peut parler en état de colère et de joie et peut ainsi se tromper parfois ». Suite à quoi, il cessa d’écrire à l’exception de coran. Jusqu’au jour où il raconta au prophète les propos de Quraichs. Le prophète prit alors le doigt d’Abdullah Ibn Amr Ibn Al Ass, tira sa langue et dit : « Ecris tout ce que tu veux, je jure par celui qui détient mon âme qu’il n’y a que la vérité qui sort de ceci (en montrant sa propre langue) ». En outre, l’imam Abu Huraira disait : « Il n’y a aucun compagnon du prophète qui a plus de hadith que moi si ce n’est Abdullah Ibn Amr, pour la simple raison qu’il écrivait ces hadiths alors que moi je n’avais pas pour habitude de les écrire ».

Hedi Majdoub

il y a 2 ans

Science et Islam

Le recueil de Bukhari

Communément appelé le recueil authentique de Bukhari, ce recueil a été ainsi surnommé par l’imam Bukhari lui-même.

Il dit à ce sujet: « J’ai écrit mon recueil authentique en seize ans et je l’ai synthétisé en six cent mille hadith que j’ai mémorisé. J’ai fait de ce recueil un moyen devant Dieu de gagner sa satisfaction ». Dans ce recueil, l’imam Bukhari a veillé scrupuleusement à l’épurer au point de révéler: « Je n’ai écrit aucun des hadiths qui se trouvent dans ce recueil sans avoir au préalable effectué mes grandes ablutions et deux unités de prières ». En outre, il a admis dans ce recueil que des hadiths authentiques avec les chaines de transmission solides, allant du rapporteur jusqu’au prophète. Chaque maillon des chaines de transmission est connu pour sa mémoire, son équité et sa piété. Au terme de son travail d’écriture, il a pris le soin de le présenter à plusieurs savants, parmi eux : l’imam Ahmad Ibn Hanbal, Yahya Ibn Muiin et d’autres savants contemporains. Ils l’ont tous approuvé, sans aucune exception, et reconnu l’exceptionnel grandeur d’un tel ouvrage ainsi que le mérite de son auteur. Ce recueil regroupe sept-mille-trois-cent-quatre-vingt-dix-sept hadiths. En soustrayant les répétitions, on compte un total de deux-mille-six-cent-deux hadiths.

L’imam Abu Abdillah Muhammad Ibn Ismail Al Bukhari est appelé Amir Al Muminin dans les sciences de hadiths. Il est né orphelin en l’an 194, durant le mois de Chawal. Il grandit au sein d’une famille pieuse et savante. Il mémorise le coran avant d’atteindre l’âge de dix ans. Allah lui fit don d’une incroyable faculté de mémorisation. D’ailleurs il confie que lorsqu’il apprenait, il lui suffisait de lire une fois la tablette pour mémoriser son contenu. Il voyage énormément pour recueillir les hadiths. Il reste près de six années dans la péninsule arabique puis à Bassora, Koufa, en Egypte, en Syrie et d’autres pays marqués par la science des hadiths. Il rapporte les dires de beaucoup de grands savants comme Ahmad Ibn Al Hussein, Al Razi, Abi Ahmad Abi Al Hafiz. Ce dernier raconte: « J’ai entendu beaucoup de Shuyukhs de Bagdad dire que lorsque Muhammad Ibn Ismail Al Bukhari est arrivé à Bagdad, les gens de hadiths se sont regroupés pour le tester dans sa mémorisation et sa science. Ils lui donnèrent cent hadith (dix chacun car ils étaient au nombre de dix) en mélangeant délibérément les phrases et les chaines de transmission. Après avoir écouté chacun des dix personnes qui le testaient, sans prendre de notes, l’imam Bukhari reprit un par un chacun des hadiths en rectifiant toutes les erreurs qui s’y trouvaient. Ce test dura toute une journée. A la suite de cela, chacun questionna l’imam Bukhari sur des hadiths inventés alors il répondit qu’il ne connaissait pas ces hadiths. A la fin de ce test, ils attestèrent unanimement de la grandeur et de ses connaissances. Depuis ce jour, il reçut le titre d’Amir Al Muminin dans la science de hadith, bien entendu, le titre le plus distingué dans cette science ».

Rappelons que l’imam Bukhari a écrit ce recueil suite à un rêve dans lequel il vit le prophète assis alors que lui retirait certaines tâches de ses habits. C’est alors que le prophète lui dit : « Il arrivera un jour lorsque tu seras adulte, tu enlèveras les mensonges que l’on profère sur le dos du prophète ». L’imam Bukhari est décédé à l’âge de soixante-deux ans, en l’an 256. Rappelons aussi que grâce à ce travail colossal son nom demeure à jamais gravé dans l’Histoire. Connu de tous les musulmans et savants, il est inscrit dans la mémoire collective. L’imam Bukhari ne sait jamais marié au long de cette vie extrêmement dense et riche.

Chères lectrices, chers lecteur, nous espérons qu’à travers cet article vous mesurerez non seulement l’ampleur des travaux effectués pour la réalisation de ce recueil, mais aussi la grandeur de son auteur, un auteur exemplaire pour tous ceux qui recherche l’agrément d’Allah.

Hédi Mahjdoub

il y a 2 ans

Science et Islam

Les sources du droit, au temps des compagnons

Lorsque le prophète mourut en 610, Allah avait accompli son bienfait sur lui et parachevé la religion. Cependant, le droit islamique « fiqh » ne s’arrête pas à cette époque. Indépendamment du temps et de l’espace, il s’adapte en permanence. Du temps du calife Abu Bakr, lorsqu’une question se posait, on cherchait la réponse dans le coran et la sunna. S’il l’on ne trouvait pas de réponse dans les textes alors on s’en remettait aux compagnons. Ces derniers se regroupaient alors pour convenir ensemble d’une solution, comme ce fut le cas pour la compilation du coran. A l’époque du calife Omar, une dimension nouvelle devait être prise en compte. En effet, la conquête musulmane grandissante, on rencontrait de plus en plus de situations inédites par rapport à l’époque prophétique. Il devenait primordial de remédier à ces problèmes. Cet article expose la manière dont il fut convenu d’une réorganisation par les compagnons afin d’enrichir la jurisprudence islamique.

A l’époque des compagnons, la jurisprudence reposait sur quatre sources : le coran, la sunna, le consensus, et l’ijtihad. Cependant, les compagnons privilégiaient strictement la référence au coran pour inciter les hommes à le mémoriser et à l’étudier. A ce propos, lorsqu’Omar se rendit en Iraq avec un groupe de compagnons, il leurs dit : « Nous aimons entendre bourdonner, chez un peuple, la récitation du coran. Ne les coupez pas par les hadiths. Consacrez-vous au coran et limitez les hadiths du prophète ». Cette rigueur des compagnons s’explique par la crainte de voir attribuer au prophète des propos étrangers à sa personne. Rappelons que celui qui rapporte un hadith du prophète s’engage à une lourde responsabilité. En effet, le prophète a dit : « Celui qui rapporte volontairement de moi ce que je n’ai pas dit alors qu’il prépare sa place en enfer » (Bukhari). Enfin cette restriction, dans l’usage des sources, rétablit également l’ordre des priorités. La sunna complète le coran et non l’inverse !

Le consensus des compagnons

Nous entendons par là un accord unanime, de la part des compagnons, statuant sur une question posée. Omar Ibn Al Khattab avait pour habitude de réunir l’ensemble des compagnons juristes en l’absence de réponse clair et explicite dans le coran et la sunna. D’ailleurs, c’est par le même processus qu’Abu Bakr fut nommé calife et qu’il fut convenu du nombre de takbiraates lors de la prière mortuaire. Effectivement, à la demande d’Omar Ibn Al Khattab, les compagnons se réunirent et se mirent d’accord pour fixer le nombre de takbiraates à quatre, bien que le prophète en variait de quatre à huit lors de différentes prières mortuaires.

L’Ijtihad des compagnons

Le prophète autorisa et sensibilisa même les compagnons à la pratique de l’ijtihad. D’ailleurs, on sait que dans une lettre envoyée au Cadi Abou Musa Al Achaari par Omar ibn al khattab, il fait mention des règles du jugement, de ses caractéristiques, du déroulement du ijtihad et de la déduction des jugements. Il écrivit: « Ensuite fit toi à la compréhension, à ton ressentiment, sur ce que tu ne trouveras pas dans le coran et la sunna ». Etant donné que l’ijtihad repose sur la recherche, la compréhension, il est évidemment normal d’obtenir des raisonnements différents d’un compagnon à un autre.

Les compagnons Mufti

Certains compagnons, après la mort du prophète, se sont démarqués par leurs connaissances et leurs compétences dans les sciences. Parmi eux, certains devinrent mufti grâce à leur capacité à promulguer des fatwas, à la connaissance du droit et des jugements. On peut citer :

  • Ali Ibn Talib

    L’imam Ali ibn Talib mémorisa tous les versets coraniques et tous les hadiths qu’il avait pu entendre du prophète. Il disait à ce propos: « Par Dieu, pas un verset ne fut révélé sans que je ne connaisse où et pourquoi il fut révélé ». Avant son départ pour le Yémen, il dit au prophète : « Ô messager de Dieu, tu m’envoies alors que je suis encore jeune et méconnaissant du jugement ». Le prophète frappa alors sa poitrine et dit : « Ô Dieu guide son cœur et raffermit sa langue ». L’imam Ali déclara plus tard : « Par celui qui a fait fendre la graine, jamais je n’ai douté sur un jugement opposant deux personnes ». C’est pourquoi, sans doute, Omar s’abstenait toujours de prononcer un jugement sans l’approbation de l’imam Ali.

  • Omar Ibn Khattab

    Le prophète disait de lui : « Parmi les peuples qui nous ont précédé, certains n’étaient pas des prophètes mais recevaient la parole d’Allah. S’il devait en avoir un dans ma communauté ce serait Omar Ibn Al Khattab ». Le prophète disait aussi « Dieu a placé la vérité dans la langue d’Omar, ainsi que dans son cœur ». Omar fut le premier à écrire un livre sur l’Histoire en l’an 16 de l’Hégire. L’hégire, événement, par lequel débute justement son récit. En outre, il fut celui qui prit la décision de regrouper les hommes pour la prière nocturne, durant le mois de ramadan.

  • Aicha, la mère des croyants

    Elle fut une grande juriste, savante, éloquente et spécialiste des hadiths. Elle mémorisa un grand nombre d’entre eux et connaissait parfaitement l’Histoire du peuple arabe. En outre, elle excellait dans l’art de la poésie. Elle rapporta un grand nombre de hadiths aux compagnons et tabiis. Salmah Ibn Abdul Rahoran affirma : « Je n’ai vu plus savant de la sunna du prophète, plus juriste et connaisseur des versets coraniques qu’Aicha ».

  • Abdallah Ibn Masuud

    Ibn Masuud non seulement participant de la bataille de Badr, parmi les premiers musulmans, il fut aussi l’un des plus grands juristes et un excellent lecteur. Voilà, sans doute, pourquoi le prophète déclara : « Que celui qui veut réciter le coran comme il fut révélé, apprenne de la récitation d’Oum Abd ».

Bien entendu cette liste de compagnons n’est pas exhaustive. L’intérêt, étant simplement d’illustrer les compétences juridiques des compagnons parallèlement au fonctionnement de la juridiction islamique de l’époque.

Hedi Majdoub

il y a 2 ans